Elle avait de ces yeux un vrai chat abyssin / Et ses seins deux sphères
Entre lesquelles j'abandonnais deux mois de salaire / Pour y rouler mon pauvre joint
Quand dans son sexe cyclopéen/ J'enfonçais mon pieu tel l'Ulysse d'Homère
Je l'avais raide plutôt amère / C'est moi grands dieux qui n'y voyais plus rien
― Extrait de la chanson “Lola Rastaquouere “de Serge Gainsbourg, 1979. ―
Levée est une proposition complète: céramiques en grès rouge enfumées ou non, socles en châtaignier brûlé et acier, fresque monumentale, urnes, amphores et breuvages. Les mediums et les composant des oeuvres sont glanés, prélevés dans la nature sans en demander la permission. Ces formes diverses sont des images nées de la pratique de l'artiste, de sa relation à un territoire : une femme croisée avec une montagne. La création artistique ancrée dans le quotidien, à la fois dans le sujet et par le mode de production.
L’exposition porte le nom de la sculpture en grès rouge érigée en son centre. Une femme-tronc entre papesse fertile et phénomène de foire à la Barnum, est à craindre et à vénérer. Comme la Bocca della Verita de Rome elle nous expose sa fente immense et nous dit presque d'y glisser un doigt pour voir si il en ressortira entier. Autour d’elle un petit bois de céramique, urnes funéraires, animaux inquisiteurs et têtes divines comme sauvées des eaux. Leurs socles en tronc de châtaigniers brûlé ajoutent au halo inquiétant qui émane de leurs faîtes. L’espace est veillé par 15 nus plus grands que nature, corps protecteurs sans cuirasse pris dans une causerie sourde, imposantes chaperonnes.
Une eau-de-vie de cerises cueillies dans le jardin de l’artiste et distillée dans sa cuisine et une bisque d’écrevisses américaines pêchées à la nasse dans une rivière cévenole seront servies pendant la soirée de vernissage dans des pichets divers nous invitant à nous agenouiller au pied de la divinité.
Dove Perspicacius
vit et travaille à Vialas dans les Cévennes, France. Née en 1990 à Amiens.
https://doveperspicacius.com/
C’est en 2010, pendant les études aux Arts Décoratifs de Strasbourg, que commence le projet des ex-votos, dessinant une ligne directrice toujours poursuivie. Le service des ex-votos, c’est proposer une image visible au souvenir, au voeu, à l’attention, au sentiment d’un autre, produisant un objet qui ne peut se détacher de son ancrage dans le temps et dans l’espace. Il renoue avec la traditionnelle notion de commande. Les demandes sont adressées par mail, ce qui n’empêche pas les commanditaires de s’agenouiller humblement dans un coin inférieur du tableau.
Le travail commence toujours avec la densité du vécu, à laquelle se mêle l’infini de l’idéal, de l’imaginaire, une réalité augmentée. Il vient donner forme à ces moments où l'expérience devient aventure, le souvenir légende, quand le commun s'élève vers le sacré.
Les éléments en provenance de la culture iconographique traditionnelle viennent construire un pont entre l’Histoire de l’art et notre histoire personnelle.
Durant quelques années, l’atelier est selon les jours une voiture sur le parking d’une fête foraine pour y peindre un manège, le garage d’un ami illustrateur, un village de chasseurs.
Vivre c’est aussi pratiquer un territoire. Depuis 2020, date d’arrivée dans les Cévennes, les explorations délivrent à la fois des ressources, des bois, des terres, et des savoir-faire, avec la rencontre d’artisans céramistes et menuisiers.
Créer, c’est faire des propositions pour s’aventurer, sentir et ainsi pouvoir croire.